La gemme de Zanarka

La gemme de Zanarka


Le destin … bien nombreux sont ceux qui vont dirons que ce n’est qu’une invention, que la fatalité n’est que pour ceux qui n’ont pas le courage d’affronter les évènements ou bien d’autres choses encore. Peut être est ce vrai ou peut être existe-t-il vraiment une force qui fait se rencontrer les gens, qui nous fait passer à travers certains étapes bien précises, peut être … peut être est-ce ce qui est arrivé à la gemme de Zanarka.

Zanarka était un alchimiste humain. Une sorte d’ermite érudit qui cherchait le secret qui se cache derrière chaque chose de ce monde. Son domaine de prédilection était la recherche de l’immortalité, un rêve vieux comme le monde pour les humains et qui commençait à occuper de plus en plus l’esprit de Zanarka à mesure que les années pesaient sur lui. Et comme nombre de ses confrères, il mourut seul à l’écart du monde, laissant derrière lui une quête inachevée et une pléthore de manuscrits et d’expériences ratées. Sur l’une des étagères poussiéreuses de son laboratoire, sous une couche de parchemins, un petit joyau à l’éclat blanc, fruit d’une de ses innombrables expérience visant à créer une potion d’immortalité. Seulement celui-ci fut peut être son moindre échec car si il n’avait réussi à confectionner cette potion tant désirée, il avait réaliser quelque chose d’exceptionnel.

A l’époque de cette expérience, les recherches de Zanarka portaient essentiellement sur les formes de vies minérales comme les élémentaux de terre ou les golems. En trouvant comment une espèce inorganique pouvait être le réceptacle de la vie, il espérait découvrir le mystère de la vie. Si ses recherches dans ce domaine se révélèrent vaines, elles donnèrent naissance à une forme de vie minérale. Ce joyau, à peine de la taille du pouce possédait une conscience.

Quelques années après la mort du vieil alchimiste, son laboratoire à l’abandon fut dévalisé par une bande de pillards de passage et la gemme revendue à un joaillier. Celui-ci la garda jusqu’au jour où un dignitaire démoniaque lui commanda une parure pour sa succube préférée et où il se servi de la pierre comme élément principal du diadème. Lorsque le riche dignitaire revint prendre livraison de sa commande, il fut intrigué par le diadème, il semblait émettre une faible aura, qu’il n’arrivait pas clairement à identifier. De simples humains n’auraient certainement pas pu déceler cela mais le dignitaire se garda bien de faire remarquer ceci au joaillier, persuadé que cette gemme devait receler un pouvoir spécial qu’il saurait utiliser.

De même, il se garda bien d’offrir cette gemme à sa succube préférée, la remplaçant par une autre gemme quelconque et garda le gemme de Zanarka pour lui. Le dignitaire était méfiant et cupide, c’est bien les moindres défauts que l’on peut avoir pour en arriver à un tel poste, si bien qu’il préféra ne parler à personne de cette gemme et réaliser les études lui-même. Chaque soir il passait de nombreuses heures à étudier le joyau, le mesurant, le pesant, tentant différents rituels occultes, sans jamais aucun succès. Et toujours il persévérait, convaincu que cette gemme devait être le réceptacle d’un pouvoir qui lui serait forcément utile. Et chaque soir sa frustration grandissait de n’obtenir aucun résultat, cette faible aura le narguant de sa présence.

Et un soir, sa frustration explosa, toutes ses heures de recherches pour rien, tout ce temps gaspillé pour une maudite pierre de pacotille ! Dans une rage destructrice il commença à saccager son antre et alors qu’il prit un marteau pour fracasser la gemme et dire adieu à tout ce qu’elle représentait, une voix se fit entendre dans sa tête : « Ne faites pas ça ».

Le démon, interloqué regarda la pièce de long en large : personne. Il posa donc son marteau et s’approcha de la pierre pour lui poser une question : « Est-ce toi qui a parler ?». La même voix se fit à nouveau entendre dans la tête du démon « Oui ».

- Comment fait tu pour parler ?
- En fait, je ne crois pas que je parle, j’émets mes pensées vers vous.
- Ouais bon ça c’est de la télépathie, mais qu’es-tu bon sang ?
- Je ne le sais moi-même.
- Hmm, difficile à croire mais admettons, tu pourrais pas être une âme enfermée dans cette gemme ?
- Je ne saurais dire mais il me semble avoir toujours vécu ainsi.
- Bien, et quels sont tes pouvoirs ?
- Il ne me semble pas en avoir.
- C’est ce que tu dis mais le fait que tu possèdes une forme de télépathie veut certainement dire que tu es spéciale et tu dois forcément avoir d’autres talents cachés. Tu es sur de ne pas connaître tes autres pouvoirs ?
- Oui, j’en suis même sur.
- Qu’est ce qui peut bien te rendre si sur ?
- J’en suis sur car je le sais.

Quelqu’un d’étranger à la scène aurait sans doute trouver cela plutôt étrange : un démon en robe ornée de runes parlant seul dans son laboratoire. Puis un lourd silence s’installa dans le laboratoire du démon, qui commençait à marcher de long en large en se frottant le menton. Quelques longues minutes après, le démon repris.

- Comment le sais-tu ?
- Ca, je ne le sait pas.
- Quelle est l’étendue de ton savoir ?
- Le savoir ne se mesure pas.
- Dans ce cas, prenons un exemple, que sais-tu sur moi ?

Après quelques secondes de silence du même silence impénétrable, la même voix se fit à nouveau entendre dans sa tête.

- Tout.

A ce moment la, la vision du démon fut envahie d’une cascade d’images surgies de son passé. Il dut s’appuyer à la table pour garder son équilibre pendant que sa petite enfance défilait devant ses yeux à toutes vitesses. Tout ce qu’il avait vécu, tout ce qu’il avait éprouvé, ressenti, pensé ou souffert. Tout repassait devant ses yeux, parfois même des choses que lui-même avait oubliées depuis le temps. C’est comme si sa vie lui était racontée dans les plus petits détails. Ce qu’il n’avait jamais dit à personne, ce que tous ignoraient, ce que même lui ne connaissait pas de sa vie avait été devant ses yeux. La dernière image qu’il vit fut lui-même appuyé sur la table de son laboratoire.

Il était haletant, le souffle court et de la sueur perlait de son front. Il mit quelques instants à retrouver ses esprits, son souffle, sa contenance. Même si une petite peur été née au fond de lui, elle fut bien vite ensevelie sous une montagne d’ambition, d’avarice et de soif de pouvoir. Il commençait juste à imaginer ce que pourrait lui apporter cette gemme qu’il comptait détruire quelques minutes plus tôt. Vraiment, quelle affaire il avait faite avec ce joaillier !

Les mois suivant, le dignitaire passa beaucoup de temps dans son bureau, testant les capacités et les connaissances de la gemme. Le dignitaire en arriva à une simple conclusion : Si la gemme ne savait rien du futur ou même du présent, elle semblait détenir le secret du passé. Il alla même jusqu'à estimer la limite à partir de laquelle la gemme avait connaissance d’un fait : plus il arrivait loin de la gemme, plus elle en avait connaissance avec du retard. Mais en même temps qu’il se rendait compte des capacités de la gemme, il se rendait également compte à quel point elle était précieuse. Il devait la garder, nul autre ne devait apprendre rien que son existence.

Pour garder son secret et son trésor, il aménagea une salle secrète dans son laboratoire, pas très grande, juste de quoi installer le piédestal sur lequel il serti la gemme dans une griffe de fer. Durant les semaines, les mois et les années qui suivirent, le démon alla voir la gemme tous les jours, lui demandant beaucoup sur ses rivaux, ses supérieurs ou ses sujets. Le joyau apprit donc beaucoup au démon et entre autre les faiblesses, les travers et les leviers sur lequel il pouvait facilement agir. Tout ceci valu rapidement au démon de l’avancement, soit après avoir évincé son supérieur en mettant à jour de sombres affaires soit en montrant des compétences prodigieuses. Bien sur, personne ne le savait mais la gemme de Zanarka était derrière chaque succès du démon.

Et toujours la gemme restait dans la chambre secrète du laboratoire, entourée des ténèbres. Un jour, elle sentit quelque chose d’étrange, quelque chose d’inconnu, d’étranger et qui pourtant émanait d’elle, quelque chose qu’elle n’arrivait pas à définir. Apparemment le démon ne s’en rendit pas compte, c’est que cela ne devait pas être visible extérieurement, mais chaque jour ça grandissait, prenant plus d’ampleur. Et un jour cela explosa en elle : Elle voulait sortir d’ici. Son premier sentiment, la première chose qu’elle ressenti depuis sa création, le seul désir de son existence. Les jours et les mois passant ce sentiment se fit plus précis. La gemme ne souhaitant pas seulement quitter ce laboratoire qui était son carcan, elle voulait voir le vaste monde. Aller dans tous ces lieux qu’elle connaissait déjà, voir toutes ces merveilles … mais elle voyait aussi à quel point c’était hors de sa portée.

Un jour où le démon vint voir la gemme, il remarqua que la griffe enserrant la gemme était tordu. Il suspecta aussitôt une effraction, quelqu’un ayant voulu lui dérober la source de son succès. La porte secrète n’avait pas été forcée, la gemme était toujours à sa place. Mais il avait toujours un soupçon qui lui obsédait l’esprit.

- Gemme, Quelqu’un d’autre que moi est-il entré ici ?
- Non.
- Qui a tordu ce métal ?
- Moi.

Le démon marqua une pause, jusque la, la gemme n’avait jamais bouger, ni montrer aucun autre pouvoir que son merveilleux savoir.

- Comment as-tu fait ça ?
- C’est un phénomène que vous appelez croissance.

Le démon en resta stupéfait. Il s’empressa de recommencer tout un tas de mesures et d’expériences qu’il avait déjà faites par le passé et une chose s’imposait : la gemme grandissait. Certes faiblement et d’une manière imperceptible à l’œil mais en quelques années sont poids avait augmenté de plusieurs carats, sa longueur et sa largeur avait également suivies en conséquence. Une autre chose l’intriguait, la gemme semblait avoir une énergie propre. Si la première fois la gemme avait parue totalement inerte de ce coté la, ce n’était pas le cas. Le démon ne trouva pas d’explications mais tant que la gemme lui apportait ce qu’il voulait, il ne s’en soucia guerre et de toutes façons il lui aurait été impossible de faire le lien entre cette énergie et les nouveaux sentiments de la gemme.

Et un jour ce démon fut élevé au rang de ministre, le plus haut rang qu’un simple démon pouvait espérer. Seulement ce n’était pas assez pour lui. Ces années de succès et de réussite lui avaient aiguisé l’ambition et la soif de pouvoir. Il avait maintenant le rêve fou de devenir un Seigneur Démon avant de devenir Prince des Enfers. Sa mégalomanie l’obsédait. Il passa beaucoup plus de temps avec la gemme, cherchant à tout prix un moyen d’accéder à ce que seuls les Enfers pouvaient accorder. Mais la gemme, même possédant une connaissance sans équivalent, ne pouvait réaliser l’impossible. Ce qu’elle savait depuis peu également c’est que ses pouvoirs, utilisés de manières répétées détruisaient l’esprit. La connaissance qu’elle donnait au démon par la pensée ne pouvait être maniée par un esprit si faible, il sombrait peu à peu vers la folie. Son obsédant désir de pouvoir, la soif irraisonnée de puissance était déjà l’un des symptômes de la destruction de son esprit.

Mais ceci le démon ne le savait pas et de toutes façons, dans l’état dans lequel il était, il aurait volontiers sacrifié tout ce qu’il avait pour un pouvoir qui resterait à jamais une chimère pour lui. Le démon passait à présent ses journées au près de la gemme, cherchant l’élément qui pourrait lui donner accès à ce qu’il convoitait, mais pendant ce temps, ses maîtres commençaient à se plaindre de lui, de son absence, de son manque d’activité. Mais ce n’était pas le pire. Son ascension fulgurante avait fait des jaloux, des envieux. Et maintenant qu’il ne faisait plus attention à eux, ces derniers complotèrent à sa chute, à sa mort. Et ce qui devait arriver arriva. Dans son état normal, il n’aurait déjà pas pu faire grand-chose contre les 5 démons qui s’immiscèrent dans son laboratoire mais en plus dans l’état de fatigue dans lequel il était, sa résistance fut vaine et son sang macula rapidement de sol de son laboratoire.

S’en suivit forcément une lutte entre ceux qui avait été précédemment complice pour provoquer la chute de l’ancien ministre. Ils étaient 5 et il n’y avait qu’un poste, 4 devaient donc laissa la place à un seul. La violence fut un argument largement utilisé pendant les négociations qui suivirent. Après quelques jours, un démon réussi à s’imposer aux autres et accéda au titre tant convoité. Mais à vrai dire ceci est purement anecdotique car la gemme suivra un autre chemin puisqu’au final la mort de l’ancien ministre arrangeait presque tout autant son remplaçant que la gemme, prisonnière du laboratoire.

Au fur et à mesure que la gemme grandissait, elle semblait acquérir une personnalité, des envies, des désirs, des sentiments qu’elle n’avait jamais eus avant. Et bien avant la mort du ministre, elle avait déjà réfléchie à ce qu’elle voulait faire de sa vie et bien plus important, des moyens qu’elle avait de réussir à vivre cette vie. Elle c’était rapidement rendue compte que sa vie serait grandement affectée par la nature de son prochain propriétaire. Il ne fallait surtout pas qu’il soit avare ou avide de pouvoir comme le fut le précédent ou elle était sure de passer ses prochaines années enfermée comme elle le fut déjà pendant si longtemps. Mais sans pouvoir bouger, il lui était bien difficile de prévoir quoique ce soit …

Et quelques jours après la mort de l’ancien ministre, le nouveau s’octroya le droit de prendre possession des biens de son prédécesseur. Il vint donc dans sa maison, entouré d’une armée de servants diablotins et choisit ce qu’il voulait emporter. Il pénétra bientôt le laboratoire de l’ancien ministre dont la chambre secrète avait été laissée ouverte. Le démon ordonna d’emporter plusieurs objets avant que son regard ne se pose sur la gemme. La gemme savait déjà que si le démon était son prochain propriétaire ses rêves s’envoleront pour un bon bout de temps, son attention se reporta donc vers ses serviteurs diablotins. Etres sans importance, toujours ignorés, sans envergure, sans avenir, sans capacités, aucun qui ne puisse réaliser les désirs de la gemme … sauf … sauf celui qui semblait le plus chétif, le plus faible. Elle savait qui il était, elle savait tout de lui.

Iphin, c’était son nom. Il était encore assez jeune pour un diablotin, même si ils ont d’habitude une espérance de vie assez courte. Mais contrairement aux autres, il ne s’était pas résigné à son sort. Il espérait un jour vivre sans le joug d’un quelconque maître pour pouvoir faire ce qu’il aimait : bricoler, inventer et construire. Il aspirait à trouver la liberté, tout comme la gemme. Il voulait juste pouvoir faire ce qu’il aimait, tranquillement. Mais quelque chose d’aussi simple n’était pas accordé à tout le monde.

La gemme décida de tenter sa chance, si ce n’était pas lui, elle n’aurait pas de nouvelle occasion avant longtemps. La gemme chuchota à l’esprit à l’esprit du démon « Iphin, va prendre cette pierre ». Le démon ne sembla pas réagir à cette intrusion. Peut être n’avait-il pas entendu, ou peut être avait-il prit ceci pour l’une de ses pensées. La gemme attendit le prochain geste du démon, anxieuse, quand enfin il pointa la gemme et répéta mot pour mot « Iphin, va prendre cette pierre ».

A son nom le petit diablotin se précipita vers le piédestal, l’escalada et alla récupérer la pierre avant de rejoindre la troupe de diablotins déjà chargés attendant sur le seuil de la maison. Ils portaient tous des bijoux, des livres anciens ou des meubles décorés, tous semblaient d’une grande valeur. C’était maintenant qu’elle devait agir. Si Iphin restituait la gemme à son maître … il ne fallait surtout pas. Soudain, le diablotin entendit une voix dans sa tête « Iphin, ton avenir en dépend, si tu m’entend, ne répond pas et hoche la tête ».

Le diablotin, extrêmement surprit leva la tête et regarda tout autour de lui quel aurait bien pu être celui qui lui avait joué ce tour. Ce n’était certes pas la réponse que la gemme attendait mais au moins elle était bien sure d’avoir été entendue. La voix résonna à nouveau dans sa tête « C’est la gemme que tu as entre les mains qui te parles, notre avenir en dépend, n’attire surtout pas l’attention sur toi ». Mais bien sur le diablotin ne put s’empêcher de fixer la gemme en lui répondant « C’est toi qui me parles la pierre ? ». Ce qui bien sur lu valu les regards inquisiteurs de tous les autres diablotins réunis. Si la gemme avait eu des mains et un front, elle se serait sans doute frapper le front, à croire que ce diablotin ne comprenait rien à rien.

- Bon écoute moi bien, je peux t’offrir la chance de quitter ta servitude, d’être libre alors tu vas faire exactement ce que je te dis. Tu ne parles plus de tout le trajet et tu fais comme si je ne t’avais jamais parlé. Si tu veux ta liberté, tu ne dois surtout pas me laisser à ton maître.

Il faut croire que le petit diablotin était plus réceptif aux ordres qu’aux paroles. Il se tut et jeta juste quelques regards intrigués et méfiants à la pierre. Mais il semblait avoir compris, c’est ce qui comptait.

Le trajet jusqu'à la demeure du successeur ne fut pas bien long et le diablotin arriva sans trop de mal à s’éclipser discrètement du cortège. Mais l’absence de la gemme et du diablotin ne mettrait pas longtemps à être découverte, une question de jours tout au plus et l’espérance de vie d’un serviteur ayant volé son maître n’a rien d’extraordinaire. Cependant la gemme savait ce qu’elle avait à faire, c’était risqué pour le diablotin et donc pour elle-même mais c’était l’unique solution. Iphin serait bientôt recherché par son maître, il devait donc disparaître.

N’ayant qu’un seul endroit où aller, Iphin alla avec la gemme à son atelier, une petite pièce exiguë dans la forge d’un démon. Celui-ci laissait le diablotin récupérer ce qui ne lui servait plus pour en faire ce qu’il voulait, il lui donnait aussi parfois quelques conseils quand il n’était pas occupé. En contre partie le diablotin l’aidait parfois en allant livrer ou chercher des marchandises pour le forgeron. Tout ça bien sur sans que son maître légitime ne le sache, il ne l’aurait pas toléré.

Cependant, cet atelier, si minable soit-il allait être le lieu d’une bien étrange création. La gemme n’avait pas de temps à perdre, elle en était consciente et cela lui semblait paradoxale, elle sur qui les années glissaient comme l’eau. Mais les circonstances ont changées, elle et Iphin allaient avoir une longue nuit, aussi la gemme n’attendit pas et parla au diablotin.

- Tu es un diablotin courageux mais je vais encore avoir besoin de toi. Ton maître ne tardera certainement pas à s’apercevoir de ta disparition et de la mienne et je dois te préparer d’ici la.
- Me préparer ? Qu’est ce que vous voulez me faire ?
- Te changer, te rendre différent, plus fort. Non seulement ton maître ne te reconnaîtra pas mais en plus tu pourras faire tout ce que tu as toujours rêvé de faire, visiter le monde, construire ce que tu ne peux pas faire ici et bien d’autre chose.

Le regard du diablotin se mit à pétiller et la gemme finit de lui expliquer comme il devait faire. Il allait devoir créer une sorte de pantin articulé de taille humaine que le diablotin actionnerait de l’intérieur. Le diablotin n’en avait bien sur pas les capacité mais la gemme, elle, savait exactement comment faire, elle avait juste besoin de deux bras pour donner corps à son idée. Cependant un risque subsistait. Elle avait bien vu ce qui était devenu de son précédent détenteur à force d’utiliser son pouvoir et il se pourrait bien que le diablotin soit également affecté, surtout que la gemme va devoir lui donner énormément d’informations. Mais avaient-ils le choix ?

La gemme n’expliqua pas non plus tous les détails au diablotin car ce qu’ils allaient réaliser ensemble était bien plus qu’une sorte de marionnette géante, ce serais plus un golem, fait de fer et d’acier, un corps gouverné par le diablotin mais dont l’énergie nécessaire à son fonctionnement proviendrait de la gemme. Le tandem, ainsi caché à l’intérieur de cet amas de métal serait un nouvel être à la force égale à celle d’un démon et doté d’une nouvelle liberté.

Ainsi le diablotin s’affaira à fondre, forger, mettre en forme fer et acier selon des plans qui lui apparaissait dans la tête. Il ne savait pas exactement comment cela pourrait servir mais il avait confiance en la gemme. Après tout, il avait toujours obéi, que ce soit à un démon ou à une gemme, cela ne faisait pas une énorme différence. Ainsi donc un nouvel être prit petit à petit forme, d’abord chacun des membres, les articulations, les jointures, toujours dicté par un plan qui lui apparaissait dans la tête. Puis le tronc avec l’endroit d’où il dirigerait son nouveau corps, le centre névralgique. Mais déjà la gemme sentait que l’esprit du diablotin ne résisterait pas jusqu'à l’achèvement de leur unique porte de sortie. Il avait fallu plusieurs année pour que la psyché du démon soit affecté mais le fait que ce soit un diablotin et que l’usage soit intensif avait manifestement accéléré l’inéluctable.

Dans son travail, le diablotin semblait parler à une autre personne, pas à la gemme mais bien à une autre personne. Hallucinations ? Visions ? Il ne restait plus grand-chose à finir sur le golem pour qu’il soit terminé. Il restait juste la tête, certes la partie la plus dure à cause des systèmes de miroirs à installer pour la vision, mais elle était indispensable. Au fur est à mesure de son assemblage, la gemme sentait de plus en plus le diablotin basculer dans la folie mais il devait continuer, pour la gemme comme pour lui-même. Un échec équivalait une peine de mort.

Alors que les premiers rayons du soleil transperçaient la couche nuageuse, le diablotin mettait la dernière touche à l’assemblage mécanique qui changerait sa vie. Plus que quelques ajustement d’ordre esthétique : recouvrir la surface de mousse puis d’une peau humaine (ce qui est assez facilement trouvable dans n’importe quel supermarché démoniaque) et enfin quelques vêtements. Seul restait le visage. La tête, avec tous les systèmes qu’il y avait dedans était déjà plus grosse qu’une tête humaine normale, impossible de la camoufler derrière quoique ce soit … on pourra toujours essayer de dire que c’est un masque, après tout, on voit beaucoup de choses étranges chez les démons.

Mais le temps pressait, ils devaient au plus tôt quitter cet endroit, ce sera certainement le premier qui sera visité par les sbires de son ancien maître. Le diablotin ouvra donc la trappe dans le dos de l’être de métal et s’y engouffra, la gemme a la main. Devant lui s’étalait une sorte de tableau de contrôle bardé de leviers, de manivelles, d’indicateurs et de compteur. Au dessus de ce fouillis, l’emplacement dans lequel rentrait la gemme. Le diablotin la mit la où elle devait aller et aussitôt l’énergie de la gemme se répandit dans les membres, faisant passer tout un tas d’indicateurs du rouge au vert. Une dernière chose et ils pourraient commencer une nouvelle vie. Car le diablotin, si il avait construit cette enveloppe, il ne savait pas pour autant la manier. L’esprit du diablotin était déjà affecté mais ce serait la dernière chose qu’elle lui ferait subir. La gemme se servit une dernière fois de ses pouvoirs pour apprendre au diablotin tout ce qu’il y avait à savoir sur sa création. Ils étaient prêts pour une nouvelle vie.

L’être mécanique abritant les deux fuyards se leva et sorti de l’atelier, en sortant, ils croisèrent une troupe de démon arborant les insignes de l’ancien maître du diablotin se dirigeant au pas de courses vers l’endroit qu’ils quittaient. Le diablotin avait maintenant toute liberté. Aussi la gemme lui demanda où il voulait aller maintenant… Au lieu de répondre normalement, le diablotin parut totalement désorienté, cherchant d’où venait la voix. Puis le démon s’approcha d’un objet qui traînait par terre. C’était un jouet de bain, un canard en plastique jaune. Il le prit et lui parla.

« Mais en quoi ça te concerne où je vais petit canard ? »

Il semblerait que le diablotin était plus affecté que prévue. Amnésie peut être … Alors la gemme continua.

- Quel est ton nom démon ?
- Mon nom ? Mon nom … heu … Mince c’est quoi déjà ? …

En effet l’état du diablotin était assez sérieux. Mais quoiqu’il en soit elle ne pouvait pas l’abandonner. Car sans elle, ce diablotin aurait toujours son intégrité mentale. Il serait certes toujours sous le joug de son maître mais cela valait-il ce qu’il avait perdu. Elle se rendit compte que ce qu’elle avait fait subir à ce diablotin provenait plus de son égoïsme, du fait qu’elle veuille voir le monde, plus que du désir d’aider ce diablotin. Elle serait donc son ange gardien à partir de maintenant, elle lui devait bien ça. Il ne semblait pas souffrir en tout cas, c’est juste qu’il est dans son monde à lui mais au moins il n’est pas seul, elle veillera sur lui.

- Ton nom est Anacréon, tu avais déjà oublié ?
- Anacréon ? T’es sur ? Ha oui c’est vrai, c’est ça, j’m’apelle Anacréon
- Et donc tu veux aller où maintenant ?
- Ha oui c’est vrai ... bah … heu … aucune idée …
- Ca te dirait d’aller à HighWood? C’est une forêt avec des arbres géants et puis il doit y avoir plein de trucs rigolo la bas, comme des lutins ou je sais pas quoi.
- Géééénnniiiaaalll, c’est par où ?

Le nouveau né Anacréon partit en direction d’HighWood avec un canard en plastique jaune entre les mains. Du désir le liberté de deux êtres en était né un nouveau. La destiné avait-elle mis Iphin sur le chemin de la gemme? N'est ce que pure coïncidence?