Enak

"Pourquoi elle n'est pas dans le livre?"
Ca faisait trois jours qu'il cherchait désespérément et tapait sur les nerfs du bibliothécaire:
-Mais je vous dis que le Livre ne peu pas se tromper !! Si vous ne l'avez pas rayée et qu'elle était une ange vivant au paradis, elle y serait. Mais là je ne l'ai même pas dans la catégorie "Anges Déchus". Vous disiez qu'elle est la fille de votre fille? J'ai votre fille mais pas elle, elle n'y a jamais été.

Ils alla s'asseoir dans un fauteuil et pris sa tête entre ses mains. Il y avait trop de choses qu'il ne comprenait pas avec elle, ça avait été un échec, son seul échec mais un échec total.

Il se rappelait très bien voir sa fille rentrer abattue, déchirée avec dans son ventre le fruit du viol, déjà là il n'avait jamais réussi à retrouver l'auteur du méfait, premier échec.
Contrairement à sa mère, il avait tout de suite aimée cette petite fille. Elle avait très bien grandi et son amour paternel pour elle n'avait fait que croître. Il en avait fait sa meilleur élève…… peut être son seul succès, elle avait vite su développer et apprivoiser le Feu Froid.
Mais il n'avait par contre jamais réussi à canaliser ses moments de loisir, elle avait toujours été indépendante…. et charmeuse…… à combien se chiffrai les anges qu'elle avait entraînés à la débauche? Il n'osait maintenant l'imaginer, à l'époque ça entraînait chez lui plus un désespoir qu'autre chose. Et une légère pointe d'il ne savait quoi.

Et puis il y avait eu ce jour là, magnifique journée, Ils étaient allés s'entraîner, puis la pause, elle était fatiguée et s'était blottie contre lui, elle le faisait parfois et il aimait confusément ses moments là.
Mais cette fois il sentit clairement que quelque chose avait changé, il ne s'en était jamais vraiment rendu compte mais ce n'était plus une fillette qu'il tenait dans ses bras mais une magnifique jeune femme, il soupira, ça grandi si vite les enfants. Puis il la regarda : un corps long, taillé en finesse, des formes discrètes mais parfaites, des cheveux magnifiques, longs et blonds comme ils e doit mais tirant un peu sur le blond vénitien de temps en temps, et le moins réglementaire, ce qui le troublai sans doute le plus, ses yeux, noirs comme le jais et profond comme……. il ferma les yeux, en proie a un vague malaise.
Elle jouait avec les flammes blanches au bout de ses doigts. Elle en appliqua un sur son cou à lui, il frissonna. Elle commença à jouer avec le haut de sa tunique et il du faire un effort pour ne pas laisser paraître son trouble. Elle le sentait très bien pourtant, elle se leva et sa tunique blanche tomba lentement à ses pieds, il fut un moment effaré, elle ne portait pas le cilice réglementaire !! Puis il vit, il vit la peau pale, ponctuée d'arabesques dorées tatouées et mettant en valeur ce corps si désirable. Il avança la main et la posa sur la cheville de sa petite-fille, puis ses lèvres se posèrent sur son pied droit.
-Relève-toi.
Il ne se fit pas prier, il se releva et glissant sa main sous sa tunique elle la fit tomber à terre, elle s'avança et leur peau se frôlèrent. Saisis d'une sorte de fureur, ils se jetèrent l'un sur l'autre, leurs mains caressant le corps de l'autre, leur bouche se cherchant et se trouvant pour finir. Il ne pensait plus rien, il n'était plus que désir. Retrouvant ses instincts oubliés depuis si longtemps (en avait-il jamais eu?) il la plaqua au sol, écarta ses cuisses du genou, l'embrassa avec une fougue qu'il n'avait jamais connue, se rapprocha….
Il se rappelait encore très bien ce moment d'horreur, ce moment de conscience, ce corps sous lui, il avait vu nettement la scène, comme détaché de lui-même : L'archange des Préceptes au-dessus de la chair de sa chair, le désir malsain qui le possédait : la Luxure, péché capital, et l'Inceste, Abomination.
Il se releva d'un bond, pour tomber à genoux à coté de la tentatrice : "Ho Dieux, comment pourrais-je vivre après cela? Mais comment faire? Tu condamne le suicide, je dois vivre donc, pour payer cet affront à tes lois. "
Il priait tout fort et entendit un ricanement,, sa petite-fille s'était relevée.
- Regardez-moi le grand Archange, ou comment se condamner tout en se préservant !
Ha il est beau l'Archange des Préceptes ! comment se fait-il qu'il ne soit pas encore foudroyé pour cet affront suprême à son maître ? Aller le pigeon, on se dépêche un peu, t'étais bien plus vif quand il s'agissait de faire un gosse a une vierge. Bon très bien, je prends ta place alors, remercie-moi de faire ton boulot.
Elle brandit son sabre et rassembla au bout de la lame tout le Feu Froid qu'elle put.
-Je te punis non pour ce crime contre ton maître mais contre celui contre moi, je te punis pour n'avoir pas été capable de me combler!
Elle abattit son sabre, mais l'Archange avait des réflexes bien ancré et malgré son état léthargique du a la douleur d'avoir failli a son maître, il esquiva la lame juste assez pour qu'elle ne le décapite pas mais pas assez pour éviter la large entaille que celui-ci lui fit à la poitrine.
Il l'a regarda et vit qu'elle n'avait plus rien d'angélique, il rassembla ses forces et fit ce qu'il avait fait des centaines de fois, il n'aurait jamais imaginé que ça puisse faire si mal, il se déchirait. Mais elle ne semblai ni avoir mal ni avoir peur, La noirceur l'enveloppait mais ne la déchirait pas. Elle disparut à ses yeux.

Il se réveilla des ses souvenirs, sur le banc de la bibliothèque.
" Monsieur, vous êtes sur qu'elle n'y est pas, même pas dans les anges déchus? Je l'ai déchu moi-même il y a quatre jours. »
Au nom Enakhan……… ou au diminutif Enak."

Il regardait son sang goutter à terre, ce sang incolore, propre a tout ange, mais au-delà de ce sang, c’était de l’encre qu’il voyait, pâlir, lentement sur le Livre, il savait qu’il était en train de mourir, pire que de mourir.

Il avait tout fait pour la retrouver lorsqu’il avait su qu’elle avait réchappé de l’apocalypse, lui-même avait eu du mal, il avait en partie perdue sa maîtrise de la glace, et maintenant, ces mains étaient brûlées par la morsure du froid, il se sentait désemparé au fond, vaincu par son propre élément manié par sa propre chair.
Il l’avait retrouvé en se souvenant, souvenir pénible de la honte de sa fille, de cet humain, dont la seule chose qu’il avait réussi à savoir était qu’il était un Khan, un seigneur mongol. Il avait dirigé ses pas vers les restes de leur tribu, il les avait fait surveiller au hasard, il avait bien fait, elle était venue. En la voyant, il avait ressenti quelque chose qu’il était incapable de décrire, entre la haine des démons et l’amour de sa petite fille, dans un élan irraisonné, il l’avait bénie.

Puis il avait su que même sa petite fille, elle était un démon, elle avait été atteinte comme par un coup, et elle avait réagit comme à un coup, cela lui avait valu la lame aiguisée dans l’épaule qui l’avait fait souffrir un certain temps, sa première blessure depuis longtemps.
Elle avait aiguisé sa maîtrise du combat, l’école démoniaque formait de bon guerriers c’était évident et cela tout ange le savait, mais il se rendit compte qu’elle avait aussi aiguisé sa maîtrise de la glace sacrée, il pensait qu’elle aurait perdu ce don lors de sa déchéance, mais ce n’était visiblement pas le cas. Mais elle n’était pas encore assez forte pour le vaincre, elle avait du abandonner la chasse et s’en retourner vers ses camarades. Il ne l’avait pas suivit, il savait qu’elle portait en elle une blessure qu’elle ne pourrait guérir et qui la rongerai même aux confins de l’enfer. Sa bénédiction finirai par l’achever.

Elle avait pourtant décidé d’en finir, il ne savait pas trop comment elle l’avait retrouvé, mais il se rappelai très bien son apparition, dans son domaine à lui, à l’endroit de sa déchéance à elle. Ses yeux étaient calmes, rien à voir avec la fureur et la haine qui animait la plupart des démons des hommes et même d’un certain nombre d’anges.
Ils avaient dégainé tous deux, dans un combat sans merci, implacable, ils avaient déployé tout les recourt du combat, il avait remarqué qu’elle n’avait pas oublié ses leçons, il gardait la supériorité de la force mais elle était plus souple.

Elle avait fait un grand bon de coté, assez loin pour tirer de son arc mongol, court et maniable, une flèche qui vint se loger au même endroit que la lame l’avait fait, dans le creux de son épaule droite. Il avait assemblé ses forces, son pouvoir et la glace étaient venu habiter le creux de sa main, elle savait que ses armes ne pouvaient rien contre ça, alors elle avait aussi appelé son don, l’essence de la glace avait grandi entre eux. Les Blessures qui striaient le corps de sa petite fille de rouge et de bleu étaient devenues brillantes, elles oscillaient, comme doués de vie, il avait vu passer dans son corps et s’amasser dans ses mains une puissance qu’elle ne contrôlait pas, il savait qu’elle ne pouvait qu’en mourir, et contempla le spectacle de Sa petite fille, tant aimé et tant haï se débattre avec la puissance qu’elle avait fait naître elle-même, Il savait que c’était sa bénédiction qui imposait ses lois, accroissant le pouvoir de la démone mais ne lui permettant pas de le maîtriser. Il attendit patiemment que la haine vienne lui enlever les derniers restes de sa maîtrise et que sa fin soit consommée. Elle allait mourir et cela lui procurait une sorte de joie intense. Il se demanda comment cela allait se passer, son nom ne pourrait pas disparaître du livre, il n’y était pas. Elle restait quasiment immobile mais il sentait la douleur la traverser.

Après il n’avait pas trop bien compris, il trouvait que la puissance mettait bien du temps à dévorer la démone, il attendait l’accès de colère qui serai sa fin. Il décida de l’aider, que ça aille un peu plus vite, il déchargeât sa propre puissance vers la Succube, décidant de l’achever, il n’avait pas que ça à faire, regarder une démone se consumer au cœur d’un halo de glace céleste. Mais le halo renforcé de sa propre puissance s’était alors retourné contre lui, l’envahissant et malgré tout ses effort pour le maîtriser, pour le contenir, il avait sentit, pour la première fois de sa vie la morsure du froid suprême, un froid implacable qu’il avait si souvent fait subir aux démons.
Elle s’était approché de lui, et avait levé son sabre, elle était toujours calme et sans colère, elle avait enfoncé sa lame dans la poitrine de l’Archange.
Les yeux embués, soufrant du froid, il avait vu son sang goutter puis se répandre lorsqu’elle avait retiré sa lame. Il l’avait sentit déposer un baiser sur ses lèvres. Puis il l’avait vu essuyer son sabre, lui tourner le dos et repartir. Cela faisait déjà plus de 12 heures qu’il était là, à se vider doucement de son sang dans le froid glacial. Il avait eu le temps de revoir sa vie, et il s’était rendu compte qu’elle avait été hantée par l’image de sa petite fille : son seul amour… et sa haine aussi, la haine d’être coupable.

L’encre de son nom dans le Livre était presque effacée maintenant, il ne vit plus qu’une image, celle du corps endormi de la Succube, dans les bras d’un démon qui la berçait doucement.
Il éprouva un accès de haine sauvage devant ce tableau de confiance et d’amour.
Répondant à cet appel, la Glace fini de le consumer.

Il tourna la tête vers sa maîtresse l'air interrogateur, une étincelle de bonheur luisait au fond de ses pupilles, il hennit et s'ébroua. Devant eux, en bas de la colline s'étendait une vaste demeure, un domaine plutôt, dont les bâtiments imposants étaient gardés par un immense portail de pierres noires au fronton duquel était gravé, en lettres de sang et de feux mêlés, le nom de l'institution : DWE.
- Eh oui ! On est de retour à la maison, tu aimes ça n'est ce pas ? Même si les hauts plateaux te manquaient à toi aussi, un an c'est un peu long, même quand on a l'éternité devant soit, et après tout c'est ici notre chez nous à tous les deux.

Elle sourit puis se rembrunit. L'éternité……. L'avait t'il même attendue un an ? Il avait été ce qu'elle avait le plus regretté dans sa solitude, elle s'était pourtant bien refusée toute pensée mélancolique mais rien à faire, il était la seule chose contre laquelle sa volonté ne pouvait rien. Pendant un an elle avait parcouru le monde connu ou moins connu d'ailleurs avec pour toute compagnie sa monture et les cadavres dont son chemin était jonché mais à chaque instant il avait été avec elle, présence qu'elle n'avait réussi à éviter, et qui souvent l'avait aidé à survivre, l'enfer ni les cieux n'étaient des endroits sûrs, la Terre des humains encore moins.
Elle regarda sa peau visible entre le haut de sa botte et le bas de sa tunique, passaient à cet endroit trois courbes, pareilles à celles qui ornaient tout son corps sans jamais se croiser, l'une bleue, la seconde rouge et la troisième or. Elle avait observé attentivement la progression de ses lignes sur sa peau, elle en avait toujours eu du plus loin qu'elle se rappelle. Avant sa déchéance, elle ne portait presque que des volutes dorées, mais à sa déchéance, elles étaient devenues ternes, ne laissant plus que quelques marques presque effacées. A son arrivée en enfer, les rouges avaient progressées, quelques bleues aussi, mais plus aucunes or. Jusqu'à ce qu'elle le rencontre lui, à ce moment, des embryons d'or avaient peu à peu grandi sur sa peau. Durant cette année, elles avaient grandi plus que jamais, elle ne savait trop pourquoi, toutes s'étaient allongées. Les rouges d'abord : elle avait beaucoup tué, les bleues : la Glace céleste lui avait souvent été utile, mais aussi les dorées de façon inexplicable. Sur son visage même, les vielles marques presque brunes étaient devenues d'un or brillant et vivant, soulignant son front et sa pommette gauche. Elle ne portait aucune autre ligne sur le visage que ces motifs d'or.
Elle chassa ces pensées et repensa à l'année écoulée. Pourquoi était t'elle partie ? Elle n'en savait rien, ça avait été comme se lever le matin ou manger lorsqu'on a faim : une évidence. Un matin elle s'était réveillée, avait sellé son cheval et était partie.
Elle était d'abord allée rendre hommage aux hauts plateaux de ses ancêtres, à cette nature sauvage et désertique qui lui ressemblait un peu, cette sauvagerie devenait douceur aux abord d'un cour d'eau tout comme elle le faisait aux abords d'un démon. Elle n'y avait croisé que quelques familles humaines qui ne lui avait pas montré beaucoup d'hostilité, sa lame était restée au fourreau. Elle y était resté des semaines, s'appropriant ces espaces sans limite, elle y avait puisé un calme immense et un entraînement intensif au sein des steppes lui avait apporté un contrôle absolu de son corps.
Et puis elle avait fini par s'y ennuyer, elle était repartie vers le sud. Elle avait suivi un groupe d'anges qu'elle harcelait, obligée, elle n'était pas inconsciente, d'éviter qu'ils se rendent compte qu'elle était seule. Elle n'avait réussi à en tuer que deux sur la douzaine. Les suivants ou les précédents, cela dépendait des jours, elle s'était retrouvée à Nozgoroth. Là elle avait tué, de tout à vrai dire, des anges bien sûr, le groupe qu'elle avait suivi disparu en quelques jours grâce à l'aides des démons du coin, puis des démons et quelques humains. C'était une pagaille monstre, tout le monde tuait tout le monde, elle n'avait croisé en plusieurs mois aucun front organisé ni aucune armée organisée. La rumeur comme quoi le Prince des enfers était sur le site courait mais elle ne l'avait pas vérifié. Cela avait été quelques mois d'orgie de sang, quelquefois aux cotés d'autres démons mais souvent seule. Cela c'était fini comme de juste par sa mort. Elle s'était retrouvée en enfer un matin tuée par un de ses compagnons occasionnels de chasse.
Elle avait alors décidé de rentrer chez elle. Elle avait encore mis plusieurs mois pour traverser une partie de l'enfer, s'y frayant une route à coups de sabre, puis revenue sur Terre, cela faisait une dizaine de jours qu'elle allait sur la terre, une famille humaine avait failli la faire retourner sous terre mais pour finir elle était là, à regarder son école, sa maison. Après un an d'absence, elle était heureuse de la retrouver.

Elle avait changé mais elle restait profondément elle-même, telle qu'elle avait toujours été. Elle pensa que lui n'avait pas changé, elle le savait, elle le sentait au plus profond d'elle-même mais elle eu peur, peur de se tromper, peur de n'être pas attendue.
La peur … elle l'avait beaucoup côtoyée pendant ces derniers mois, la sienne, mais surtout celle des autres. Elle avait remarqué que la peur comme la haine ou la colère augmentait certes le pouvoir de la Glace mais amoindrissait son contrôle, la Glace était en fait comme attirée par ces sentiments, et cela tant chez les anges que chez les démons ou les humains. Cela en faisait une arme vraiment redoutable et elle en avait acquis un contrôle presque absolu, elle était capable de se vider de toute sa colère comme de sa peur ou de sa haine lors d'un combat, devenant elle même aussi glaciale et impitoyable que la Glace. Le seul sentiment dont elle ne s'était jamais séparé était l'amour, non pas l'amour angélique de son prochain, mais un amour bien plus violent, qui habitait son corps comme son esprit et qui loin d'être saint et pur n'en était que plus fort.